Welcome to Arizona / U.S. Route 89 / Wahweap Overlook / Page / Horseshoe Bend / Glen Canyon Dam Overlook / Colorado River / Glen Canyon Dam / The New Wave / Antelope Canyon / Lower Antelope Canyon / Lake Powell Navajo Tribal Park / Glen Canyon National Recreation Area / Lake Powell / Lone Rock Beach / Big John’s Texas BBQ
Glen Canyon, porte d’entrée vers les terres sacrées de Nation Navajo ! Glen Canyon désigne toute une région à cheval entre l’Utah et l’Arizona. Ces terres désertiques sont ciselées, depuis des millénaires, entre vastes plateaux, profonds canyons et chaînes de montagnes étendues. La région de Glen Canyon fait partie du plateau du Colorado, région entaillée par une profonde gorge où coule et serpente Colorado River. Portant le nom de Glen Canyon, cette gorge est en grande partie submergée par Lake Powell, un lac artificiel créé par le Glen Canyon Dam. D’une longueur de plus de 270 kilomètres, Glen Canyon commence sa course dans l’Utah, là où termine Narrow Canyon, à l’extrémité Nord-Est de Lake Powell, là où se rencontre Colorado River et Dirty Devil River. Puis, le canyon se termine dans l’Arizona, là où se rencontre Colorado River et Praia River à Lee’s Ferry, non loin de Vermilion Cliffs National Monument, un autre joyau de l’extraordinaire escalier géologique du Grand Staircase. Sur ses 270 kilomètres, sur pratiquement 250 kilomètres, Glen Canyon est submergé par Lake Powell, depuis la construction du barrage en 1963. En 1869, l’explorateur John Wesley Powell explore les canyons de Colorado River, en traversant Glen Canyon, qui est encore une région largement inexplorée, il lui donne ce nom. John Wesley Powell décrit cette région et ce canyon comme « Land of beauty and glory ! ». Le célèbre écrivain américain Edward Abbey décrit aussi Glen Canyon comme « Portion of earth's original paradise. ». Le nom Navajo de Glen Canyon est, d’après certaines écritures, Tséyi, ce qui signifie « endroit au plus profond du rocher ».
La seule ville de la région est Page dans l’Arizona, important carrefour touristique, car cette ville se trouve centralisée par rapport à une large palette d’activités et de curiosités. Lake Powell faisant partie de Glen Canyon National Recreation Area pour une pause rafraîchissante, le titanesque Glen Canyon Dam, le surprenant Horseshoe Bend sculpté par Colorado River, Antelope Canyon sur les terres Navajo ou encore les dizaines de canyons le long du lac... D’ailleurs, durant de nombreux siècles, ces nombreux canyons qui entourent Page ont abrité un peuple ancestral Pueblo, dont leur affluence s’étendait sur une énorme zone géographique, sur tout le plateau du Colorado. De nos jours, dans la réserve amérindienne Hopi, située à 200 kilomètres au Sud de Page, se trouve la plus ancienne communauté habitée en permanence des États-Unis. D’ailleurs, les amérindiens Hopi se considèrent comme les descendants directs de ces anciens peuples Pueblo. La région de Page à une extraordinaire histoire, un mélange de cultures et de traditions où les américains et les amérindiens cohabitent merveilleusement bien.
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- Lake Powell Canyon Inn, 150 N Lake Powell Blvd, Page, AZ 86040 |
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- Fiesta Mexicana Restaurant, 125 S Lake Powell Blvd, Page, AZ 86040 - Big John's Texas BBQ, 153 S Lake Powell Blvd, Page, AZ 86040 |
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- Réservez en avance billets pour Antelope Canyon car ils partent très vite - Prévoyez plusieurs litres d’eau par personnes pour les randonnées à Horseshoe Bend, Antelope Canyon et Lone Rock Beach et une glacière pour les tenir au frais |
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- Mount Carmel Junction > Wahweap Overlook : 1h25min/139km via U.S. Route 89 - Wahweap Overlook > Page : 10min/10km via U.S. Route 89 & Lake Powell Blvd - Page > Glen Canyon Dam : 5min/4km via Lake Powell Blvd & U.S. Route 89 - Page > Horseshoe Bend : 8min/7km via Lake Powell Blvd & U.S. Route 89 - Page > Antelope Canyon : 8min/8km via Lake Powell Blvd, Coopermine Rd, Arizona State Route 98 & Navajo Route 222 - Page > Lone Rock Beach : 18min/20km via Lake Powell Blvd, U.S. Route 89 & Lone Rock Rd |
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- Horseshoe Bend (aller-retour) : 2.3km via Horseshoe Bend Trail - Glen Canyon Dam Overlook (aller-retour) : 0.3km via Dam Overlook Trail - Lower Antelope Canyon (boucle) : 0.3km via Lower Antelope Canyon |
Welcome to the Grand Canyon State ! Tout comme ses états voisins, l’Arizona fait partie des anciennes terres mexicaines. En 1848, à l'issue de la guerre américano-mexicaine et suite à la cession mexicaine, les États-Unis annexent les terres de l'Arizona. Puis, en 1853, suite à l'achat Gadsden, les États-Unis acquièrent une vaste zone vende par le Mexique, ce qui permet d’agrandir davantage les terres américaines de l'Arizona et du Nouveau-Mexique. Ce n’est que le 14 février 1912 que l’Arizona devient un état de l’union, il s’agit du 48ème état à rejoindre les États-Unis. Un quart du territoire de l’Arizona appartient à des peuples amérindiens où des réserves protégées ont été créées sur ces terres. Il s’agit principalement de tribus amérindiennes Navajo et Apache. Cet état est entouré par la Californie, le Nevada, l’Utah et le Nouveau-Mexique. Phoenix, sa capitale, est située au cœur de Sonoran Desert, il s’agit de la plus grande ville de l’état et d’une des plus grandes villes du pays. Son aire urbaine compte près de cinq millions d’habitants. Colorado River traverse de part en part l’Arizona, cet état comprend de spectaculaires formations géologiques comme le Grand Canyon ou Monument Valley. Ces curiosités ont été formées il y a des millions d’années par ce fleuve, l’Arizona fait partie intégrante du Colorado Bassin. Les États-Unis sont aussi connus pour ses vastes déserts, d’ailleurs l’Arizona est le seul état américain qui comporte une partie des quatre plus grands déserts du pays, Great Bassin, Chihuahuan Desert, Sonoran Desert et Mojave Desert. Ils recouvrent une petite moitié de l’Arizona, dont son centre est davantage recouvert pour des régions boisées.
L’origine du nom Arizona déclenche souvent des débats. Pour certains historiens, le mot Arizona est une contraction de l’expression espagnole zona arida pour « zone aride ». Alors que pour d’autres, l’origine est basque avec le mot aritz ona et voudrait dire « bon chêne ». Il y aurait aussi une origine dans la langue uto-aztèque O'odham, avec la phrase alĭ ṣonak, signifiant « petite source ». Tout commença avec le nom Arizonac qui désignait la région de la mine d'argent de Planchas de Plata, dans le Sonora, devenant Arizona, et s'étendit au territoire tout entier. En Navajo, l’Arizona s'appelle Hoozdo Hahoodzo. Son surnom de Grand Canyon State fait naturellement référence à son emblématique canyon. « Ditat Deus » est la devise officielle de l’Arizona, elle signifie « Dieu enrichit » en latin. C’est en 1863, avant même que l’Arizona ne soit un état, que Richard Cunningham McCormick attribue cette devise à ces terres, homme politique, premier secrétaire du territoire de l'Arizona et son deuxième gouverneur. Au 19ème siècle, le latin était largement enseigné et utilisé aux États-Unis, voilà pourquoi de nombreuses devises d’états sont données en cette langue.
À l’aube de notre quinzième jour sur le sol américain, nous faisons nos valises, afin de quitter l’Utah et Mount Carmel Junction. Après un dernier petit-déjeuner composé d’œufs et de bacon au Thunderbird Lodge, nous prenons la route en direction du Sud. Au programme, une heure et demie de route sur la U.S. Route 89, afin d’atteindre Page et les terres de Nation Navajo. Ouverte en 1926, la U.S. Route 89, d’une longueur de 2’015 kilomètres, permettant de relier la frontière canadienne au Nord, du côté du Montana, à la petite ville de Flagstaff, dans l’Arizona. Nous rejoignons rapidement la jolie petite ville de Kanab entouré de ses crêtes rocheuses rougeâtres. De nombreux westerns ont été tournés dans cette ville, ce qui lui vaut le surnom de Little Hollywood, d’ailleurs, un musée y est dédié en ville. Pour la petite histoire, au début des années 1900, des chasses au trésor ont été organisées dans les montagnes et canyons autour de la ville, car une histoire racontait que le grand trésor de Moctezuma, dernier roi de l’empire aztèque, y était caché, mais rien n’a été découvert. Chaque année, Kanab accueille aussi le Balloons and Tunes Roundup Festival, un festival de montgolfières, un événement à voir si on en a l’occasion, dans ce décor merveilleux. Si c’était à refaire, nous nous serions arrêtés quelques heures en ville :-) !
À partir de Kanab, nous continuons vers l’Est, toujours sur la U.S. Route 89, pour 120 kilomètres en plein désert. Après quelques dizaines de kilomètres de longues lignes droites à perte de vue, ces dernières sont brisées par une petite chaîne de montagnes, où la route effectue quelques grandes courbes, afin de les franchir. Au Nord de ces montagnes se trouvent Grand Staircase-Escalante National Monument, composé de hauts plateaux et de profonds canyons. Une vaste étendue sauvage, escarpée et protégée par Bill Clinton depuis 1996, contenant des trésors naturels comme Jacob Hamblin Arch, Coyote Natural Bridge, Stevens Arch, Metal Arch, Calf Creek Canyon, Escalante Petrified Forest State Park... Que je vous conseille de rechercher dans Google ;-) ! Cette région est très difficile d’accès, très peu de routes et de très longues randonnées sont nécessaires pour y accéder. Grand Staircase-Escalante National Monument est aussi une formidable région pour observer l’extraordinaire escalier géologique du Grand Staircase. Après ces belles explications, de notre côté, nous quittons l’Utah et nous voici sur les terres de l’Arizona. Le décalage horaire s’applique denouveau, mais cette fois-ci, nous gagnons une heure ;-) ! D’ailleurs pour la petite histoire, la Californie et le Nevada se trouvent sur le fuseau de Pacific Time, quant à l’Arizona et l’Utah sur le fuseau de Mountain Time. Mais l’Arizona n’applique pas l’heure d’été, ce qui fait que de début mars à début novembre, l’Arizona se retrouve à l’heure de la Californie et du Nevada. Bref, nous pouvons déjà apercevoir au loin le bleu de Lake Powell :-) !
Plus nous avançons en direction de Page, plus nous pouvons deviner le bleu de Lake Powell derrière les collines arides. L’idéal serait de gagner un peu en altitude pour avoir une meilleure vue de cette étendue. Quelques kilomètres avant le Glen Canyon Dam, le long de la U.S. Route 89, un panneau indiquant Scenic View et Wahweap Overlook nous donne une direction, sans hésiter nous la suivons ! Une petite route nous emmène en direction d’une colline, à ce moment-là, nous ne voyons plus du tout le lac. Après quelques minutes de route, nous arrivons au sommet de la butte, un grand espace avec tables de pique-nique fait son apparition. Tout d’un coup Lake Powell surgit devant nos yeux, nous voici à Wahweap Overlook ! Une fois la voiture garée, nous nous dirigeons vers le flanc de la colline. Nous pouvons admirer son immensité, des eaux bleues qui contrastent avec le paysage rougeâtre aride de la région, une merveille ! D’ailleurs, le mot amérindien Wahweap signifie « eaux saumâtres », ce qui ne décrit pas vraiment les eaux claires de Lake Powell, mais ce nom est resté. Bref, nous rencontrons enfin Colorado River, le fleuve le plus mythique de l’Ouest américain ! Avec cette chaleur et ce soleil, juste le fait d’observer ce bleu nous rafraîchit :-) ! Une halte à ne pas manquer ! Nous profitons quelques minutes du paysage, puis reprenons la route en direction de Page.
Trois minutes plus tard, nous devinons les gorges profondes de Colorado River juste devant nous, la route fonce droit dedans ! Tout d’un coup, la U.S. Route 89 s’envole, un énorme pont franchit ce gouffre, voici le Glen Canyon Dam Bridge ! À notre droite, nous pouvons voir les profondes et larges gorges de Colorado River fuirent en direction de l’Est. À notre gauche, nous pouvons voir la montre de béton qu’est le Glen Canyon Dam et en arrière-plan Lake Powell. La traversée du pont fut rapide et nous ne savions plus où donner de la tête. Bien que nous ayons prévu de visiter ce complexe plus tard dans la journée, nous ne pouvons pas résister à l’envie de nous arrêter quelques minutes juste après le pont :-) ! Un petit coup d’œil sur ces infrastructures depuis la bordure des gorges, une petite marche sur le Glen Canyon Dam Bridge et ses 387 mètres de hauteur au-dessus de Colorado River, ce qui nous procure quelques frissons, et nous repartons, nous en profiterons plus tard ;-) !
Juste après avoir franchi le Glen Canyon Dam Bridge, au bord de la route, un monument en pierre orange nous souhaite un chaleureux « Welcome to Page, Arizona », nous voici à Page ! D’ailleurs, je regrette de ne pas avoir pris cet écriteau en photo... Nous bifurquons directement sur North Lake Powell Boulevard qui nous emmène tout droit dans cette ville perchée sur Mesa Manson. Un terrain de golf fait son apparition sur notre gauche, un contraste étonnant entre le beau vert du terrain et la roche rougeâtre du paysage environnant. D’ailleurs, cela fait bien des jours que nous n’avons pas vus d’herbes bien vertes ! Une fois sur le plateau, Lake Powell Boulevard sert de rue principale à Page. Une belle rue avec restaurants, magasins et motels, une rue typique à l’américaine :-) ! Notre motel se trouve à l’entrée de ville sur le côté gauche de Main Street. Nous voici au Lake Powell Canyon Inn. Nous parquons la voiture devant la réception et entrons pour prendre notre chambre. Nous discutons quelques instants avec le réceptionniste qui nous souhaite la bienvenue et il nous donne les clés de notre nouveau. Nous traversons la cour du motel, une belle piscine et un joli parc se trouvent en son centre, les chambres sont dispersées tout autour en carré. Nous découvrons une belle chambre, toujours avec cette fameuse moquette à l’américaine ;-) ! La porte d’entrée donne sur un parking où les voitures sont alignées devant les portes d’entrée, encore une fois à l’américaine, tout ce que j’aime ;-) ! Et une autre porte vitrée donne sur le jardin et sa piscine. Premièrement, nous déplaçons notre Jeep devant notre chambre et prenons possession des lieux en déballant nos bagages. Voici notre petit chez nous pour les deux prochaines nuits. Un motel sympa aux prix raisonnables.
Page est une petite ville du Nord de l’Utah, non loin de la frontière avec l’Arizona, nommée ainsi en l’honneur de John C. Page, commissaire du United States Bureau of Reclamation dans les années 1930. Cette ville est très récente, l’une des plus jeunes du pays. Tout commença en 1957, lorsqu’un camp temporaire est planifié et développé pour loger les ouvriers qui construisaient le Glen Canyon Dam et leur famille, sur les bords de Colorado River. Ces terres appartenant initialement aux amérindiens Navajo, le gouvernement négocia un échange contre de plus grandes étendues dans l’Utah, afin de les acquérir et d’y implanter la communauté. Une fois la construction du barrage terminée, cette communauté n’a cessé de croître, les maisons temporaires et les caravanes laissent place à des bâtiments permanents et des églises sont construites. La population est encouragée à s’installer grâce notamment à la construction de routes d’accès, ce qui a permis de développer le tourisme dans la région. Puis, la ville de Page a été constituée le premier mars 1975. Situé à 1’255 mètres d’altitude, sur le plateau de Mesa Manson, Page surplombe Lake Powell et les profondes gorges de Colorado River. Aujourd’hui, Page compte plus de 9’000 habitants, plus de 3 millions de visiteurs par an et une quarantaine d’établissements d'hébergement proposant plus de 3'000 chambres. Restaurants, bars, événements, concerts, structures sportives, centres commerciaux... Tout est fait pour que nous nous sentions bien en ville !
Nous nous reposons quelques instants, mais cela nous démange de repartir à l’aventure. Nous reprenons la route et Lake Powell Boulevard, cette fois-ci, nous traversons entièrement la ville et repérons quelques restaurants, pour ce soir et demain, qui ont l’air plutôt sympa ! Une fois de retour la U.S. Route 89, mais cette fois-ci au Sud-Ouest de la ville par South Lake Powell Boulevard, nous continuons dans le désert vers le Sud. En avant, direction le merveilleux fer à cheval de Colorado River :-) ! Nous roulons environ cinq minutes dans le désert, puis un panneau sur la droite nous indique Horseshoe Bend. Après avoir payé quelques Dollars pour l’entrée, nous garons la voiture sur un énorme parking au bord de la U.S. Route 89. Pour la petite histoire, Horseshoe Bend fait partie de Glen Canyon National Recreation Area, nous aurions très bien pu montrer notre Pass America The Beautiful, mais vous n’y avons pas pensés, nous étions persuadés que ce lieu appartenait à Nation Navajo ;-) ! Bref, nous voici plantés au milieu du désert, sous un soleil de plomb et sans aucun signe de Colorado River ! Nous commençons à marcher sur un petit sentier pédestre, Horseshoe Bend Trail, qui nous emmène lentement, mais sûrement, en direction d’une petite colline rocailleuse. Du sable plein les chaussures, nous peinons à avancer dans cette légère montée, il fait tellement chaud... Heureusement que nous avons pris quelques bouteilles d’eau. Après une vingtaine de minutes de marche, nous atteignons le sommet du monticule et là, c’est la surprise générale !
Un énorme gouffre se dessine à l’horizon, une gigantesque fissure dans le plateau du Colorado, voici Horseshoe Bend ! Un des trésors de Page et de Colorado River ! Ce magnifique méandre de Colorado River à bien la forme d’un fer à cheval parfait, la nature est merveilleuse ! D’immenses falaises surplombant Colorado River aux eaux bleu émeraude viennent encercler cette gigantesque formation de grès rouges. À cet endroit, les falaises des gorges atteignent 340 mètres de hauteur, le fleuve semble tellement loin, mais déjà tellement imposant... Nous nous approchons du gouffre et longeons ces falaises rougeâtres sur plusieurs dizaines de mètres. La moitié de Horseshoe Bend appartient à la ville de Page, tandis que l'autre moitié est sur des terres Navajo. Nous éprouvons quelques sueurs froides le long de ce précipice, dès que nous nous éloignons du sentier, il n’y a plus de barrière de sécurité, nous marchons le long de cette arrête, avec Colorado River à 340 mètres en contrebas. D’ailleurs, un des touristes présents sur le lieu, en même temps que nous, a chuté d’une pierre, mais heureusement du bon côté du gouffre, nous avons eu bien peur. Certaines personnes prennent trop de risques pour une petite photo ! Il y a bien une plateforme sécurisée pour admirer le paysage, nommée Horseshoe Bend Overlook, mais il y a tellement de touristes que nous préférons nous éloigner un peu. Il faut savoir que Horseshoe Bend, c’est près de deux millions de visiteurs par an ! Malgré tout, nous réalisons de magnifiques clichés et restons bien deux heures sur place à nous balader. Horseshoe Bend, un des plus beaux points de vue que nous ayons vu durant notre aventure !
Après cette belle aventure aux sensations fortes, nous rebroussons chemin et recommençons le périple sur Horseshoe Bend Trail, quelle chaleur étouffante... Quand nous rejoignons le parking, nous nous précipitons dans la Jeep pour allumer la climatisation, quel bonheur ;-) ! Nous repartons en direction de Page, sur les cartes, nous avons vu qu’il y a un autre point de vue sur Colorado River, à l’Est de la ville, en bordure des gorges, allons voir à quoi ça ressemble ! Nous contournons Page avec la U.S. Route 89 et juste avant le croisement avec North Lake Powell Boulevard, nous bifurquons sur la petite route de Scenic View Road. Deux minutes de route et nous laissons la voiture dans un petit parking à flanc de gorges, nous voici à Glen Canyon Dam Overlook. Un petit sentier très escarpé, Dam Overlook Trail, est tracé sur la roche rougeâtre et nous emmène en direction des gorges en une dizaine de minutes. Des chaînes permettent de nous accrocher dans cette descente assez difficile, attention à ne pas glisser ! Une fois au bout, nous voici sur d’énormes rochers surplombants Colorado River de quelques centaines de mètres, avec une vue impressionnante sur le Glen Canyon Dam et son pont. Un peu d’escalade et de gymnastique pour réaliser quelques clichés dans ce magnifique décor sauvage. Contrairement à Horseshoe Bend, nous sommes vraiment dans les gorges et non sur la crête, de plus, il n’y a aucun touriste ici, mais aucune sécurité non plus. Nous observons ce paysage coloré durant de longues minutes, assis sur les rochers, un lieu vraiment apaisant bercé par Colorado River.
Après avoir vu tous ces paysages sculptés par Colorado River et le temps, autant parler un peu de ce mythique fleuve de l’Ouest américain ! Colorado River naît dans les Rocky Mountains et se jette 2'330 kilomètres plus loin dans le golfe du Mexique au Mexique, après avoir traversé les états du Colorado, de l’Utah, de l’Arizona, du Nevada et de la Californie. Connu pour ses canyons spectaculaires, Colorado River traverse onze National Parks durant son voyage. Grand Canyon, Canyonlands, Glen Canyon, Black Canyon, Marble Canyon, Zion Canyon, Flaming Gorge, Red Canyon, Desolation Canyon, Labyrinth Canyon, Cataract Canyon et des dizaines d’autres... Nombreux sont les canyons et gorges creusés par Colorado River et ses principaux affluents que sont Green River, Little Colorado River, Virgin River ou encore Gila River. Avec une altitude moyenne de 1'600 mètres, son lit parcourt des régions élevées, dont le plateau du Colorado et des zones arides. Depuis des milliers d’années, Colorado River sculpte le paysage en érodant le plateau du Colorado et formant de profonds canyons allant jusqu’à plus de 1'800 mètres de profondeur, 16 kilomètres de largeur et prêt de 450 kilomètres de longueur comme l’extraordinaire Grand Canyon.
Les premiers colons espagnols ont nommé ce fleuve Rio Colorado, pour ses couleurs rougeâtres dues au limon rouge qu’il transportait des montagnes. Dans les années 1540, l’espagnol Melchor Díaz est le premier à tenter d’explorer le parcours de Colorado River. Mais jusqu’au milieu du 19ème siècle, ce fleuve reste largement inexploré, en raison de son éloignement des zones habitées et des dangers de la navigation sur son lit. D’anciens comptes amérindiens renforçaient ces craintes, en citant d'énormes chutes d'eau, de violents rapides et des montées d’eau spectaculaires. Puis, en 1869, l’explorateur John Wesley Powell, vétéran de la guerre civile américaine, part en exploration dans ses profonds canyons, en y accédant depuis son affluent de Green River. Avec son équipage, ils commencent leur aventure dans le Wyoming et naviguent jusqu’à Colorado River. Ils bravent des canyons, des gorges, des rapides et arrivent au point de rencontre entre Colorado River et Little Colorado River, point qui marque l’entrée du Grand Canyon. Juste avant de s’enfoncer dans le canyon, John Wesley Powell prononce les célèbres mots « We are now ready to start on our way down the Great Unknown... ». Au terme de ce périple meurtrier, seule la moitié de l’équipage atteint l’océan Pacifique... En 1871, une seconde exploration permit de dessiner les premières cartes de la région, ce qui changea à jamais l'avenir de l'Ouest américain. Au fil du temps, les expéditions se sont souvent avérées périlleuses, car rejoindre le lit escarpé et sauvage de Colorado River n’est pas chose facile... Pour la petite histoire, en 1904, après de fortes pluies et la fonte des neiges, Colorado River a gonflé et débordé dans Imperial Valley en Californie, ce qui a permis de créer la fameuse mer intérieure de Salton Sea. Colorado River est un joyau géologique qui a façonné l’Ouest américain comme nul par ailleurs.
Nous voilà de retour sur le parking de Glen Canyon Dam Overlook, depuis Horseshoe Bend, nous remontons le cours de Colorado River, autant continuer vers le barrage ;-) ! En deux minutes nous y sommes, nous enjambons le fleuve avec le Glen Canyon Dam Bridge, puis laissons la voiture au parking du Glen Canyon Dam Visitor Center se trouvant juste après le pont. Nous nous dirigeons vers le bâtiment et payons quelques Dollars, afin d’y entrer. À l’intérieur, une magnifique exposition retraçant l’histoire du Glen Canyon Dam et son enjeu de l’époque. Pour la petite histoire, Colorado River est une source d’eau vitale pour plus de quarante millions de personnes, il est contrôlé par un vaste système de barrages, de réservoirs et d'aqueducs, afin de subvenir à l'approvisionnement en eau des villes comme Los Angeles, Phoenix ou Las Vegas, à l'irrigation agricole et à la production d’énergie hydroélectrique. Mais depuis les années 1960, les 160 derniers kilomètres du fleuve sont très souvent asséchés et ses eaux atteignent rarement le Mexique et l’océan Pacifique... D’ailleurs, le surnom de ce fleuve est Law River, cela provient de tous les différends juridiques qui ont impliqué le débit de Colorado River au fil des ans. Le Glen Canyon Dam Visitor Center est aussi pourvu d’une grande terrasse panoramique où l’on peut admirer le barrage et les eaux bleues de Lake Powell, lui-même bordé par des falaises rougeâtres, une merveille !
Glen Canyon Dam, l’un des principaux barrages sur Colorado River. L’énorme chantier débute en 1956, s’achève en 1963, et le barrage est mis en service en 1964, dans le cadre d’un vaste plan d’aménagement de régulation du débit du fleuve nommé Colorado River Storage Project et dirigé par le United States Bureau of Reclamation. Tout commence en 1924, lorsque les premiers plans sont dessinés, mais le projet est abandonné au profit du Hoover Dam. Mais en 1950, le projet refait surface, en raison de la croissance rapide de la population dans les états de l’Ouest, un nouveau barrage est nécessaire pour les besoins en eaux et en électricité. Un site près de Glen Canyon et Manson Mesa est choisi pour construire le barrage et la ville de Page accueillant les ouvriers. Ce lieu est idéal, car la forme du bassin en amont peut contenir une énorme quantité d’eau, les gorges de grès sont assez étroites et profondes pour ériger ce mur de béton de 216 mètres de hauteur et 475 mètres de large, dont près de dix millions de tonnes de bétons ont été utilisés. Il a fallu près de 17 ans au Lake Powell pour qu’il soit complètement rempli. Avec une puissance de production hydroélectrique de 1’320 MW, les huit turbines de Glen Canyon Dam jouent un rôle crucial dans l’approvisionnement électrique de l’Utah, de l’Arizona et principalement de la ville de Phoenix, grâce à des lignes à haute tension de plus de 400 kilomètres de long. Quant au Glen Canyon Dam Bridge, il est inauguré en 1959, avant sa construction, il fallait faire un détour de plus de 320 kilomètres pour passer de l’autre côté du canyon.
Au niveau de Glen Canyon Dam, le plateau du Colorado est relativement plat, hormis cette cassure de 300 mètres de profondeur où coule Colorado River. En repartant du parking, nous apercevons un petit monticule rocheux au Nord du barrage, nous nous disons que cette colline ferait un joli point de vue pour admirer les alentours. Après quelques centaines de mètres sur la U.S. Route 89, nous nous engageons sur une piste de terre plutôt accidentée, heureusement que la Jeep est là ! L’objectif semblait plus prêt, mais il nous faudra bien dix minutes pour y arriver à travers le désert. Une fois au pied du monument, tout semble désolé, un bus abandonné, quelques carcasses de voitures, un autre monde ! Nous entamons notre ascension vers le sommet. Sur cette première partie, nous traversons des zones parsemées de petites pierres. Après cette partie traversée, nous rejoignons la partie supérieure. Cette seconde partie est constituée de grès de Navajo, une formation géologique que l’on trouve uniquement dans la région de Glen Canyon. Une formation rocheuse lisse ressemblant à une vague, aux teintes rosées, orangées et blanchâtres. Sur ces roches, de nombreux petits détails, comme des lignes parallèles épousant parfaitement le relief, donnent encore plus l’impression de vagues où l’eau y coule en douceur. Un autre tour de magie de l’Ouest américain créé par l’érosion !
Sur cette partie lisse, nous découvrons un chemin, dont le tracé est indiqué tout autour de la colline avec de petits cailloux. Mais nous préférons faire un peu d’escalade et atteindre le sommet. Après une quinzaine de minutes d’effort, nous arrivons à destination. La vue est imprenable sur le plateau du Coloardo et le désert. Au loin, un orage entremêlé au coucher de soleil donne une impression d’apocalypse, c’est magnifique ! Une aventure risquée, car il est facile de glisser et de tomber de plusieurs mètres sur cette roche lisse, mais le spectacle en valait la peine ! D’ailleurs, après quelques recherches, nous verrons que cette colline rocheuse se nomme The New Wave, un nom qui lui colle à la roche ;-) ! D’ailleurs, plus au Nord, entre Kanab et Page, se trouve sa grande sœur, une autre grande merveille de la région. Une célèbre formation de grès de Navajo nommée The Wave ! Située dans les Coyote Buttes, elles-mêmes faisant partie de la région sauvage de Paria Canyon-Vermilion Cliffs Wilderness Area, The Wave est connue pour ses magnifiques formes ondulées de roches lisses orangées. Mais pour y accéder, il faut obtenir un permis via une loterie organisée par le United States Department of the Interior et être accompagné de guides, car l’accès y est très restreint. Voilà pourquoi nous nous sommes contentés de The New Wave, sa petite sœur ;-). Quelle belle journée de découverte, nous rentrons sur Page et allons manger au Fiesta Mexicana Restaurant. Un joli petit restaurant au décor et à l’ambiance mexicaine garantie ! Au menu ce soir : nachos, tacos, quesadillas et guacamole, un vrai régale ! Puis, nous rejoignons Lake Powell Canyon Inn et profitons d’une bonne nuit de sommeil, car demain le réveil sera très matinal.
À l’aube de ce seizième jour, le réveil sonne aux alentours de 7 heures du matin. Nous préparons soigneusement notre appareil photo, car aujourd’hui, nous allons découvrir le joyau de Page et de l’Ouest américain. Un lieu magique caché au cœur des terres Navajo, un des canyons le plus connu et le plus photographié au monde, Antelope Canyon ! Juste le temps de boire un café et de manger quelques gaufres au sirop d’érable dans notre petit motel, et nous prenons la direction de l’Est de Page avec la Arizona State Route 98. Nous pénétrons sur les terres du peuple Navajo, plus particuéièrement dans Lake Powell Navajo Tribal Park ! À quelques minutes de route de la ville, en plein désert, il y a une intersection avec la Navajo Route 222, sur la droite, le Upper Antelope Canyon Parking et sur la gauche, le Lower Antelope Canyon. Nous nous dirigeons sur notre gauche en direction de la partie inférieure du canyon. Nous avons réservé, quelques mois auparavant, la visite de Lower Antelope Canyon, nommée aussi The Crack, qui est la partie plus sauvage et escarpée de Antelope Canyon, contrairement à la partie supérieure du canyon, Upper Antelope Canyon, nommée aussi The Corkscrew, plus touristique et plus facilement accessible en Jeep avec des guides Navajo, à quelques kilomètres dans le désert. Bref, nous voici sur le parking, il est 8 heures du matin, nous laissons la voiture et nous nous dirigeons vers une petite maisonnette au style amérindien, le quartier général de l’agence de voyages Dixie’s Lower Antelope Canyon Tours. Petite société fondée par Dixie Ellis, une femme née dans les environs de Antelope Canyon et passionnée par la culture Navajo. Notre visite est prévue à 8 heures et quart, mais déjà énormément de monde attend sur la terrasse couverte à l’arrière du bâtiment où le soleil tape déjà très fort. On nous propose de l’eau fraîche en attendant et une dizaine de minutes plus tard, notre guide vient nous chercher. Que l’aventure commence :-) !
Faisant référence aux troupeaux d’antilopes qui traversaient à l’époque le canyon et le plateau avoisinant, Antelope Canyon se nomme Tsé bighánílíní dóó Hazdistazí en Navajo, ce qui signifie « le lieu où l'eau coule à travers les rochers ». Découverte en 1931, alors qu’une jeune amérindienne Navajo partie à la recherche de ces moutons égarés, cette gorge pratiquement invisible depuis la surface désertique s’étend sur plusieurs kilomètres. Considéré comme un slot canyon, faisant référence à une fente, Antelope Canyon est creusé par les crues, depuis des milliers d’années, et maintenant sculpté par les vents et le sable. Évoluant à la verticale et non à l’horizontale comme les autres canyons que nous avons pu voir, un slot canyon est une profonde faille qui s’élargit lentement avec le temps. Antelope Canyon peut atteindre moins d’un mètre de largeur et plus de 50 mètres de profondeur. Le plus impressionnant, dans ces gorges de grès rouge de Navajo aux courbes sculpturales, est sans doute le jeu de lumière causé par les rayons du soleil sur la roche et les rideaux de sables. Les couleurs de la roche changent selon l’inclinaison du soleil, ce qui rend le lieu magique. Ce lieu appartient aux amérindiens Navajo, c’est pourquoi toutes visites du canyon doit être faite avec un guide, cela permet aussi d’éviter les accidents dus aux flash flood très fréquentes et très dangereuses.
Notre guide Navajo se présente, malheureusement, nous ne nous souvenons pas de son prénom ;-) ! Il nous emmène sur le sentier de Lower Antelope Canyon Trail à travers le désert, sur plusieurs centaines de mètres. Nous ne nous doutons pas qu’une véritable sculpture souterraine se situe à quelques mètres de nous... Dans notre petit groupe d’une dizaine de personnes, nous rencontrons une famille bernoise et nous discutons un peu. Ils font le voyage depuis Los Angeles, où ils ont suivi le tracé de la Route 66, jusqu’en Arizona. Sur leur route, ils nous expliquent qu’ils ont fait face à un gros orage et d’importantes crues ou flash flood, la Route 66 du côté de Oatman s’est retrouvée coupée et ils ont dû faire un important détour pour continuer leur périple. Pour le moment, on touche du bois ;-) ! Revenons à notre aventure, au bout de Lower Antelope Canyon Trail, une étroite échelle accrochée aux roches rouges fait son apparition, elle s’enfonce horizontalement sur une dizaine de mètres à l’intérieur d’une faille étroite. Notre aventure débute maintenant :-) ! Après cette descente sensationnelle, nous voici au fond de Antelope Canyon. C’est impressionnant, mais quelle force de la nature à bien pu créer cette merveille ? Ce jeu de lumières rougeâtres, sur ces belles et gracieuses courbes, c’est indescriptible, il faut le vivre pour le croire ! Notre ascension commence et nous avançons lentement dans cette fente aux mille merveilles.
Tout au long de notre ascension, des échelles nous permettent d’avancer, les parois de grès de Navajo sont si proches l’une de l’autre que nous devons nous faufiler difficilement par endroit. Notre jeune guide Navajo connaît Antelope Canyon comme sa poche, nous avons droit au cours d’histoire sur les légendes Navajo en lien avec ce lieu, au cours géologique sur l’érosion de ce canyon, avec en prime une leçon pratique, où il verse l’eau de sa gourde sur un tas de sable, nous expliquant la façon dont le canyon a été formé et les dangers des flash flood, très intéressants ! Notre guide connaît aussi les curiosités du canyon, où il nous prend volontiers en photo, le cœur, l’œil de l’aigle, la tête d’aigle, le visage Navajo, des arches... Les courbes des roches laissent apparaître de magnifiques formes, notre imagination nous joue des tours de magie ! Une véritable merveille ! De notre côté, pour ne pas louper une seule photo de ce lieu magique, nous sommes restés tout au long du parcours devant notre groupe, ce qui nous a permis de réaliser de magnifiques photos sans personne dans le canyon ;-) ! Lower Antelope Canyon est aussi appelé Hazdistazí en Navajo, ce qui signifie « arches rocheuses en spirale », un joli nom qui reflète bien la magie du lieu. Dans cette partie inférieure du canyon, le meilleur moment de la journée pour admirer les jeux de lumière est aux premières heures du matin et en fin de matinée, une visite planifiée entre 8 et 10 heures est parfaite, la magie de Antelope Canyon apparaîtra :-) !
De retour au parking de Lower Antelope Canyon, nous reprenons la route en direction de Page. Nous avons passé un magnifique moment sur les terres Navajo. Il doit gentiment être midi, mais avec ce copieux petit-déjeuner, nous n’avons pas vraiment faim. Aujourd’hui, nous allons nous accorder un après-midi détente sur les plages de Lake Powell ! Donc, nous passons au motel, embarquons nos maillots de bain, nos linges, notre glacière et quelques bières :-) ! Départ en direction du Nord de Page. Nous prenons la U.S. Route 89, traversons sur le Glen Canyon Dam Bridge, les gorges de Colorado River et quittons l’Arizona pour l’Utah, l’Utah n’est qu’à quart d’heure de route de Page ;-) ! Juste après la limite d’état, en plein désert, sans la moindre trace d’eau, un petit panneau indique Lone Rock en direction de l’Est. Nous nous engageons sur la petite Lone Rock Road, un énorme panneau nous souhaite la bienvenue dans Glen Canyon National Recreation Area ! Comme pour chaque parc national ou zone récréative bénéficiant d'une protection fédérale, nous présentons notre Pass America The Beautiful. Nous voici Glen Canyon National Recreation Area, plus précisément, nous voyons enfin les eaux bleues de Lake Powell, plus précisément de Wahweap Bay et le sable de Lone Rock Beach !
Grâce à la construction du Glen Canyon Dam en 1964, c’est toute une région désertique qui s’est transformée et dynamisée. Pour mettre en avant cette région, Glen Canyon National Recreation Area est créée le 27 octobre 1972 par le National Park Service. Cette zone récréative et de protection de la nature se situe à cheval entre l’Arizona et L’Utah, tout en longueur sur plusieurs centaines de kilomètres, suivant le cours de Colorado River. De plus de 5'000 kilomètres carrés, elle est bordée par Grand Canyon National Park, Canyonlands National Park, Capitol Reef National Park, Grand Staircase-Escalante National Monument et les terres de Nation Navajo. Glen Canyon National Recreation Area offre une belle palette d’activités nautiques aux visiteurs, avec des règles un peu moins strictes que dans les parcs nationaux, mais tout en protégeant les richesses naturelles, scientifiques et historiques de la région de Glen Canyon. Cinq marinas, quatre terrains de camping et deux petits aéroports ont été aménagés autour du lac pour permettre l’accès aux visiteurs. Jet ski, kayak, bateaux, pêche... Cette zone de loisirs attire plus de 3 millions de visiteurs par année. En ville de Page, une multitude d’agences propose ces activités et il y en a pour tous les goûts. Moment de détente sur les plages, exploration des canyons reculés de Lake Powell ou visite de lieux historiques le long de berges du lac :-) !
Après ces belles paroles sur Glen Canyon National Recreation Area, nous allons quand même parler de Lake Powell ! Que serait Page sans son fameux lac artificiel ? Et bien Page n’existerait même pas, vu que cette ville a été créée pour héberger les ouvriers ayant érigé le Glen Canyon Dam ;-) ! Lake Powell doit son nom à John Wesley Powell qui dirigea la première expédition à travers le Grand Canyon en 1869. Avec le barrage, Colorado River a inondé Glen Canyon sur une longueur de près de 300 kilomètres et une hauteur de 170 mètres. Lorsque Lake Powell est plein et que son niveau est au plus haut, il se dessine dans le désert avec 3'136 kilomètres de berges, soit davantage que la côte Pacifique américaine, et il représente la deuxième plus grande réserve d’eau douce des États-Unis après Lake Mead. Lake Powell fait partie de Glen Canyon National Recreation Area, mais représente que 13% de sa surface. On peut comparer le Lake Powell à une pieuvre bleue, ses tentacules empruntent les lits de rivières et les canyons, et s’enfoncent dans les terres désertiques. Ces énormes falaises rouges et blanches tombant dans les eaux bleues de Lake Powell, il s’agit bien d’une des visions magiques de l’Ouest américain. Glen Canyon Dam a modifié ce paysage d’une manière extraordinaire. Il est pourtant rare que l’intervention de l’homme ait un effet aussi positif sur esthétique de la nature. Au total, 96 canyons de rochers rouges ont été envahis par les eaux du lac, on y trouve aussi des grottes, des ruines amérindiennes, une multitude d’îles et de belles formations rocheuses. Autant de curiosités naturelles ou historiques ayant simplement les pieds dans l’eau ou ayant disparu dans le lac après la construction du barrage. Voilà aussi pourquoi la construction du barrage était controversée, surtout par les amérindiens Navajo, qui ont vu disparaître une partie de leur histoire dans les eaux de Colorado River. Si bien qu’aujourd’hui, des groupes réclament la démolition complète de Glen Canyon Dam.
Les concepteurs pensaient que le lac ne se remplirait jamais entièrement en vue des besoins en eau de la région, mais à cause d’une erreur de conception des déversoirs, pourtant en 1980, après 17 ans, le lac atteint son niveau maximal. Cette montée des eaux inquiète, si bien que des mesures ont été prises pour empêcher le lac de déborder en 1983 et 1984. Ce niveau maximum a laissé une marque blanche sur les parois rocheuses rouges, les habitants de la région l’appellent « marque de la baignoire ». Malheureusement, la région de Glen Canyon est tellement aride et en proie à la sécheresse, que le lac est à son niveau le plus bas. Entre 2000 et 2004, son niveau a baissé de 32 mètres et le lac est en moyenne remplie qu’à 60% de sa capacité maximale. Pourtant, aujourd’hui, Lake Powell et Glen Canyon Dam remplissent les objectifs de stockage en eau et de production d'énergie hydroélectrique. Ce lac est vital pour prêt de 25 millions d’habitants de l'Utah, de l’Arizona, et même du Nouveau-Mexique, du Colorado, du Nevada et de la Californie, autant pour son eau que pour sa production d’électricité.
Au terminus de Lone Rock Road, il y a un petit parking, mais le lac doit encore être à 500 mètres. Nous décidons d’emprunter une piste de sable avec la Jeep, afin de nous rapprocher un peu plus. Plus nous nous approchons du lac, plus il y a de grandes dunes de sable, nous craignons de rester bloquer, nous laissons donc la voiture à une centaine de mètres de Lake Powell. Une fois la glacière et les linges en main, nous marchons en direction du rivage. Il doit faire prêt d’une quarantaine de degrés, le soleil tape et aucun nuage à l’horizon, vivement la baignade ! C’est assez impressionnant, car le long de Lone Rock Beach, à quelques mètres du lac seulement, des dizaines d’énormes camping-cars sont garés, et des camping-cars pas comme chez nous, des monstres à l’américaine ! Il n’y a pas vraiment de campings, les visiteurs laissent leurs véhicules où bon leur semble. Des terrasses sont installées, des génératrices tournent, des familles entières profitent du lac, font la fête, et passent plusieurs jours voire semaines à cet endroit. Une bonne ambiance ;-) ! Heureusement, après quelques minutes de marche, nous trouvons un petit coin au bord de Lake Powell, sans camping-car, où nous serons tranquilles. Nous nous installons, ouvrons la glacière et buvons une petite bière pour nous rafraîchir :-) ! Puis, nous nous levons et courons dans l’eau, quel plaisir, nous l’attendions cette baignade... Mais une fois les pieds dans l’eau, nous sommes abasourdis ! L’eau semble gelée ! Il fait une quarantaine degrés, et la température de l’eau doit être d’une quinzaine de degrés, c’est vraiment étonnant. Au moins, cette baignade nous rafraîchit vraiment ;-) ! Quel bonheur de nager dans les eaux claires de Colorado River !
Face à nous et à Lone Rock Beach, se dresse fièrement une petite île formée par un étonnant pic rocheux aux couleurs rougeâtres et blanchâtres, voici Lone Rock, le rocher solitaire de Wahweap Bay ! Lone Rock a été formé, il y a des millénaires, bien avant la création de Lake Powell, par les eaux de Wahweap Creek. Wahweap Creek a creusé le plateau du Colorado, un méandre s’est formé, les gorges se sont élargies, le relief s’est partiellement effondré et le pic rocheux que l’on connaît maintenant sous le nom de Lone Rock est né ! Après cette baignade, nous nous reposons sur nos linges et profitons du soleil. Quand soudain, un touriste se retrouve bloqué avec sa voiture, à quelques dizaines de mètres dans le sable. En avant, en arrière, rien ne bouge... Heureusement que nous n’avons pas pris à notre Jepp jusqu’à la plage ;-) ! Tout à coup, le propriétaire d’un camping-car voisin démarre son énorme pick-up et vient en aide à la voiture immobilisée. Une fois la corde bien serrée entre les voitures, le pick-up démarre à toute allure et sauve le touriste, une épaisse fumée noire s’échappe de ses pots d’échappement, vive l’Amérique ;-) ! Quelques instants plus tard, un autre énorme véhicule noir de la marque GMC fonce à traverse les dunes et s’arrête à quelques mètres de nous, au bord de lac. Une vieille petite dame et ces quatre petits-enfants y sortent. Les enfants courent dans l’eau et la petite dame sort une chaise pliable et s’installe à l’ombre contre son véhicule pour les surveiller. Nous rions, car elle est toute petite et nous sommes étonnés de la voir conduire un tel véhicule. Encore une fois, vive l’Amérique ;-) !
Après cette belle après-midi de repos et de baignade, nous quittons la plage. Nous reprenons la U.S. Route 89, rejoignons l’Arizona et gagnons une heure sur notre montre en quittant l’Utah ;-) ! Dans la voiture, nous remarquons que notre peau chauffe légèrement, voire fortement, erreur de débutant... Le soleil ne nous a pas épargnés, avec la fraîcheur de Lake Powell, nous ne nous doutions pas du coup de soleil qui nous attendait ! Direction la Walmart de la ville de Page, afin d’acheter de quoi soulager ces brûlures. Nous atteignons le magasin à la sortie Sud de la ville, achetons de quoi grignoter pour la suite de notre voyage, de l’eau et un énorme pot d’Aloe Vera, qui ne nous coûtera pas grand-chose, en comparaison à chez nous ;-) ! En quelques minutes, nous sommes de retour au Lake Powell Canyon Inn et dans notre petite chambre. Nous nous lavons, nous préparons, nous recouvrons d’Aloe Vera, quel bien fou. Puis sortons pour aller passer une folle soirée au Big John’s Texas BBQ :-) !
Big John’s Texas BBQ se situe au croisement de Lake Powell Boulevard et South Navajo Drive, à quelques minutes de notre motel. Le soleil se couche gentiment et nous arrivons sur place. Le restaurant se trouve dans une ancienne station-service. Dès notre arrivée, l’ambiance est énorme ! Des dizaines de motos parquées devant le restaurant, une petite centaine de personnes assises sous l’auvent de l’ancienne station, un concert de country se joue sur scène, avec un énorme drapeau américain en arrière-plan, toutes sortes de viande grille sur de grands grills à plusieurs niveaux, l’odeur est alléchante... Nous sommes dirigés vers une table, on nous propose le menu Texas BBQ complet accompagné de quelques bières, c’est parti ;-) ! Nous découvrons les fameuses bières locales Grand Canyon, une merveille, quelle belle découverte ! À notre droite, un couple de touristes italiens faisant plus ou moins le même voyage que nous. À notre gauche, deux amis allemands faisant le Route 66 de Chicago à Los Angeles en moto. De belles rencontres, nous échangeons, rions et trinquons toute la soirée avec nos nouveaux amis, tout en écoutant le concert de ce superbe petit groupe de country, quelle fête ;-) ! Entre temps, on apporte nos assiettes au menu : pulled pork sandwich, baby back pork ribs, cownboy beans et potato salad ! Un vrai repas de cowboy, du vrai BBQ à l’américaine :-) ! Pour la petite histoire, Big John a grandi à Fort Worth au Texas. Le Texas BBQ de Big John a été lancé 2006 avec une tente pop-up qu’il déplace à traverse l’Arizona en créant divers événements. Puis, il investit dans une roulotte BBQ et voyage à travers l’Arizona et la Californie. Pour finir, il s’installe à Page et ouvre son restaurant dans une ancienne station-service transformée, le succès est au rendez-vous. La devise de la maison : « Big John’s Texas BBQ, a little taste of Texas in Arizona ». Un lieu à ne pas manquer lors d’un passage à Page ! Après cette magnifique soirée festive et bien arrosée, nous rentrons au Lake Powell Canyon Inn. Il est tard, demain nous avons beaucoup de routes au programme, au cœur des terres de Nation Navajo, pour de nouvelles aventures :-) !
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