Tehachapi Pass / Trona Road / Fish Rocks / Ballarat Ghost Town / Panamint Valley / Towne Pass / Eureka Mine / Mesquite Flat Sand Dunes / Harmony Borax Works / Badwater Basin / Artist’s Palette / Golden Canyon / Zabriskie Point / Manly Beacon / Dante’s View / State Line Road & Nevada State Route 160
Death Valley National Park, the hottest, driest and lowest ! Le dernier rempart de la ruée vers l’Ouest avant les fertiles vallées de Californie et l’océan Pacifique ! Ce parc est situé à l’extrémité Est de la Californie, au-delà des forêts verdoyantes de la Sierra Nevada. Ce parc s’étend sur plus de 13'000 kilomètres carrés, principalement en Californie et sur une petite partie du Nevada, ce qui en fait le plus grand du pays, en dehors des parcs de l’Alaska. Cette énorme zone aride fait partie de Mojave Desert et est située dans Great Basin, qui est un bassin sédimentaire montagneux de prêt de 500’000 kilomètres carrés (12 fois la superficie de la Suisse), englobant le Nevada, la moitié de l’Utah, une partie de la Californie, du Wyoming, de l’Idaho et de l’Oregon. Cette région présente le plus grand intervalle d’altitudes du pays, le fond de Death Valley se situe à 85,5 mètres au-dessous du niveau de la mer, alors que 123 kilomètres plus loin, le sommet Mount Whitney est à 4'421 mètres d’altitude. Les paysages du parc sont magnifiques et très variés, dépressions arides ou sommets enneigés, des contrastes étonnants, tout comme la faune et la flore qui ont réussi à d’adapter à ces contraintes naturelles.
Le 31 octobre 1994, Death Valley National Park est créé, englobant des chaînes de montagnes, des vallées et des hauts plateaux. À noter que le parc est souvent décrit comme étant uniquement Death Valley, mais Death Valley n’en est qu’une infime partie. Cette vallée est située au cœur du parc, le lieu le plus bas des États-Unis et le lieu le plus chaud de la Terre. Dans le passé, de nombreuses expéditions furent menées à travers cette région. Tout d’abord pour l’or en 1849, où des chercheurs tentaient de rejoindre la Californie. Le nom de Death Valley provient de ces expéditions, les chercheurs la nommèrent ainsi, car certains furent piégés plusieurs mois dans cette vallée aride sans eau et sans nourriture. Dans les années 1900, de nombreuses villes et mines sont construites, car la région est riche en talc, sels, borax, cuivre, argent, or ou encore plomb. Aujourd’hui, de ces villes et de ces mines, il ne reste que des ruines, des villes fantômes qui font la renommée de Death Valley National Park.
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- Prévoyez un pique-nique pour la journée si vous comptez traverser Death Valley National Park sur une journée entière - Prévoyez plusieurs litres d’eau par personnes et une glacière pour les tenir au frais pour la traversée de Death Valley National Park - Faites le plein d’essence avant d’entrer dans Death Valley National Park (Mojave, Ridgecrest, Baker, Pahrump...) - N’hésitez pas à refaire le plein d’essence même si votre réservoir est à moitié, ou prenez un jerrican d’essence plein avec vous |
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- Bakersfield > Mojave : 1h/97km via California State Route 58 (Tehachapi Pass) - Mojave > Fish Rocks : 1h55min/104km via California State Route 14, Redrock Randsburg Rd, Garlock Road, U.S. Route 395, Searles Station Cutoff, Trona Rd & California State Route 178 - Fish Rocks > Ballarat Ghost Town : 50min/56km via California State Route 178 & Ballarat Rd - Ballarat Ghost Town > Eureka Mine : 1h30min/96km via Ballarat Rd, California State Route 178 (Panamint Valley), California State Route 190 (Towne Pass) & Emigrant Canyon Rd - Eureka Mine > Mesquite Flat Sand Dunes : 40min/41km via Emigrant Canyon Rd & California State Route 190 - Mesquite Flat Sand Dunes > Harmony Borax Works : 25min/35km via California State Route 190 - Harmony Borax Works > Badwater Basin : 30min/32km via California State Route 190 (Furnace Creek) & Badwater Rd - Badwater Basin > Artist’s Palette : 25min/20km via Badwater Rd & Artists Dr - Artist’s Palette > Golden Canyon : 15min/12km via Artists Dr & Badwater Rd - Golden Canyon > Zabriskie Point : 10min/10km via Badwater Rd & California State Route 190 - Zabriskie Point > Dante’s View : 30min/33km via California State Route 190, Furnace Creek Wash Rd & Dantes View Rd - Dante’s View > Pahrump : 1h15min/99km via Dantes View Rd, Furnace Creek Wash Rd, California State Route 190 (Death Valley Junction), State Line Rd & Bell Vista Rd - Pahrump > Las Vegas : 1h10min/100km via Nevada State Route 160 (Mountain Springs) & Las Vegas Blvd |
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- Zabriskie Point (aller-retour) : 0.6km |
Cette journée s’annonce forte en émotion ! Le réveil sonne à 5 heures du matin dans notre petite chambre à Bakersfield, le temps de fermer nos valises, d’avaler quelque chose pour le petit-déjeuner, et c’est parti pour neuf heures et demi de route. 721 kilomètres de route à travers Death Valley National Park jusqu’à Las Vegas. Une fois la Jeep démarrée, nous quittons notre hôtel, rejoignons la California State Route 99, prenons l’embranchement en direction de l’Est sur la California State Route 58. Nous quittons gentiment la banlieue de Backersfield et San Joaquin Valley. Les collines font gentiment leurs apparitions et le terrain plat de la vallée commence à devenir de plus en plus accidentés. Nous assistons à un magnifique lever de soleil sur Tehachapi Mountains, qui sont une ramification de l’extrémité Sud de la Sierra Nevada. L’autoroute serpente maintenant le long des flancs de collines et prend de l’altitude, le paysage devient de plus en plus aride, de l’autre côté des montagnes, c’est le désert ! Une fois en haut, nous voici à Tehachapi Pass, à une altitude de 1'149 mètres. Ce col permet de faire le lien à travers Tehachapi Mountains entre la fertile San Joaquin Valley et l’inhospitalier Mojave Desert. La principale ligne de chemin de fer de Southern Pacific Railroad, maintenant détenue par Union Pacific Railroad, construite en 1870, suit le même tracé que la California State Route 58, franchit aussi ce col, afin de relier San Francisco à Los Angeles. D’ailleurs, nous assistons à un convoi ferroviaire de plusieurs centaines de wagons, c’est impressionnant !
Une fois au sommet du col, le paysage s’ouvre sur des collines arides et sur Tehachapi Pass Wind Farm. Avec plus de 3'400 éoliennes, Tehachapi Pass Wind Farm est une des plus grandes fermes éoliennes des États-Unis avec une puissance de 710 MW. Le développement éolien à Tehachapi Pass a débuté au début des années 1980, et depuis, le parc n’a cessé de croître. On peut observer toutes sortes d’éoliennes, à perte de vue, sur toutes les collines environnantes, des petits, des grands, des plus vieux avec leur mât en treillis métallique, des plus modernes avec de belles pâles blanches, on ne sait plus où donner de la tête. La morphologie de la région est idéale pour y implanter des éoliennes, le vent souffle depuis l’océan en direction des montagnes, Tehachapi Pass agit comme un entonnoir, ce qui augmente la vitesse du vent dans cette zone où Tehachapi Pass Wind Farm est construite. Nous continuons à observer ces turbines sur plusieurs kilomètres. Après une heure de route, les montagnes ont maintenant disparu et ont fait place aux immensités plates de Mojave Desert. Nous quittons la California State Route 58 pour faire le plein d’essence dans la petite ville de Mojave en plein désert. Maintenant, cap au Nord avec la California State Route 14, afin de rejoindre Death Valley National Park !
Nous roulons plein gaz en direction du Nord à travers les immenses plaines de Mojave Desert. C’est assez incroyable le changement de paysage et de climat que nous venons de subir. Nous passons, en quelques heures seulement, des belles vallées fertiles, boisées, accueillantes, de la Sierra Nevada, aux plaines arides, désertiques, inhospitalières de Mojave Desert, un changement de décor radial, ce qui fait justement la beauté de ce pays :-) ! Nous quittons la grande California State Route 14 avant Indian Wells, pour emprunter une série de petites routes, afin d’éviter la ville de Ridgecrest et gagner du temps. Redrock Randsburg Road et Garlock Road, nous permettent de rejoindre la U.S. Route 395 qui est un grand axe reliant la frontière canadienne à la mégalopole de Los Angeles sur plus de 2'100 kilomètres. Nous effectuons seulement quelques kilomètres sur cet axe Nord/Sud et nous bifurquons sur Searles Station Cutoff. Cette petite route est en très piteux état, nous traversons des lignes de chemin de fer qui semblent inutilisables, des cabanes en bois abandonnées, des épaves de toutes sortes en bordure de route... Des vestiges d’autre fois, d’une autre époque, une époque où cette région attirait les chercheurs d’or ou d’autres métaux précieux ! Mais nous parvenons tout de même à rejoindre Trona Road.
Trona Road nous a vraiment marqué, car c’est la première fois que nous voyons une vraie route à l’américaine ! Une route dont on ne voit pas le bout, une route coupée par l’horizon des kilomètres plus loin ! Les grands espaces sont enfin là, nous les attendions avec impatience :-) ! Nous laissons la voiture sur le bas-côté de la route et réalisons quelques photos amusantes, tout en s’assurant qu’aucune voiture n’arrive, en même temps on aurait le temps de les voir venir ;-) !
Nous rejoignons la la California State Route 178, toujours nommée Trona Road, vous savez pourquoi ? Parce qu’elle mène à la ville de Trona, logique ;-) ! Nous pénétrons gentiment dans un petit canyon, Poison Canyon, long de quelques centaines de mètres et peu profond. Trona Road serpente dans ce canyon le long d’un très large fleuve asséché, mais qui porte tout de même les traces récentes d’écoulement des eaux. Dès qu’il doit pleuvoir, ces lits asséchés doivent se transformer en véritables torrents déchaînés. Tout à coup, à quelques dizaines de mètres en contrebas de la route, dans le fond du canyon, nous pouvons voir une sorte de petite œuvre qui semble être créée avec des figurines... Nous arrêtons directement la voiture au bord de la route et descendons voir de quoi il s’agit ! Vraiment étrange... Deux œuvres sont délimitées dans le sable par des cercles de pierres et de briques rouges, une grande figurine de Superman, des drapeaux américains, une petite statuette en pierre, un nain de jardin, une cannette de Monster, une croix mortuaire faite de haches, une petite coupe où nous pouvons lire « in loving memory », et une plaque de voiture portant le nom de « Travis », le tout entouré de petits projecteurs à panneaux solaires... Une œuvre assez déconcertante au milieu de ce désert désolé, un petit lieu de recueil pour une personne sûrement décédée, un lieu étrange. Nous ne nous attardons pas trop, et reprenons la route.
Après quelques virages, tout à coup, à la sortie du canyon, sur la gauche de la route, nous apercevons des têtes poissons ! Voici Fish Rocks ! Le petit détail amusant de la journée ;-) ! D’énormes rochers ornés de graffitis, ces rochers ressemblent à des têtes de poissons, ou à des murènes, dont la bouche est remplie de dents. Peints dans les années 1940, ces rochers sont entretenus par les habitants de la région de Ridgecrest depuis les années 1970. Fish Rocks accueille les touristes voyageant vers Death Valley National Park avec son plus beau sourire :-) ! Après un peu d’escalade sur ces rochers et quelques photos, nous traversons Searles Valley et Trona. Trona, petite ville connue pour son isolement, sa désolation, et ces énormes mines de minéraux... Elle tient son nom du minéral trona qui se trouve en abondance dans le lit asséché de Searles Lake. Dans cette vallée, l’herbe ne pousse pas en raison des fortes chaleurs et des sols à la concentration hautement saline. Nous nous empressons de quitter cette ville pour le moins inhospitalière...
Une fois Searles Valley traversé, nous continuons vers le Nord et passons un petit col pour atteindre Panamint Valley. À l’entrée de cette vallée, sur la droite de la route, un panneau indique « Ballarat Ghost Town ». Nous suivons cette direction, nous nous engageons sur une longue piste en terre et roulons en direction des montagnes. Après une bonne vingtaine de minutes, au milieu de nulle part, nous apercevons quelques bâtiments en ruine, de vieux véhicules abandonnés… Une vraie petite ville fantôme, souvenir de la grande époque de la ruée vers l’or.
La ville de Ballarat a été fondée en 1897, au fond de Panamint Valley, afin de servir de point d’approvisionnement pour les nombreuses mines aux alentours de Paramint Range. Son nom vient d’un immigré australien, George Riggins, qui l’a nommée ainsi en référence à la ville de Ballarat en Australie. À son apogée, Ballarat comptait jusqu’à 500 habitants, sept saloons, trois hôtels, une école, un bureau de poste, une prison, une morgue, mais pas d’église. Ballarat permettait aux mineurs et aux prospecteurs de se réapprovisionner et de se détendre. Une source d’eau fiable, non loin, en faisait un lieu important de cette région désertique. Petit à petit, les mines ont commencé à s’épuiser et Ballarat a dépéri… En 1917, le bureau de poste ferme, et il ne reste que quelques irréductibles prospecteurs. De 1919 à 1968, Seldom Seen Slim, le seul et dernier résident de Ballarat décède. Il prétendait d’ailleurs ne pas s’être lavé durant vingt ans ! Il est enterré sur la colline de Ballarat, sur sa tombe à Ballarat, on peut lire « Me lonely ? Hell no ! I'm half coyote and half wild burro ». Dans les années 1960, il y a même un grand criminel américain qui s’est installé et caché à proximité de Ballarat, Charles Manson ! Aujourd’hui, il ne reste que quelques bâtiments en piteux état comme la morgue. Loin du flux touristique, Balarat préserve sa « beauté » naturelle, contrairement à d’autres villes fantômes comme Calico. C’est un lieu déroutant, étrange, qui vaut quand même la peine d’être visité !
Panamint Valley marque l’entrée de Death Valley National Park. Cette vallée désertique est en réalité un bassin entouré de chaînes de montagnes, avec à l’Ouest Argus Range et Slate Range, et à l’Est Panamint Range qui sépare Panamint Valley de Death Valley. La California State Route 178 traverse du Nord au Sud cette vallée, avec au Sud Ballarat Ghost Town et au Nord la petite ville de Panamint Springs. Dans la région, de nombreuses mines abandonnées et autres petites villes fantômes sont dispersées. L'origine du nom Panamint provient des langues amérindiennes Païute ou Koso, parlées il y a très longtemps dans la région, avec le mot Panümünt, Pa signifiant « eau » et Nïwïnsti signifiant « personne ».
De notre côté, après avoir visité Ballarat Ghost Town, nous reprenons la route, traversons Panamint Valley pour rejoindre, au Sud, la California State Route 190 qui va nous permettre de nous diriger vers l’Est et gravir Towne Pass. Au centre de la vallée, il y a la possibilité d’emprunter une autre route, afin de rejoindre Death Valley via Emigrant Pass et ses 1'621 mètres d’altitude. Nous privilégions Towne Pass, car cette seconde route est apparemment en piteux état et très difficile à rouler. Juste avant Panamint Springs, un énorme panneau de bienvenue nous informe que nous sommes enfin dans Death Valley National Park !
Principal col pour rejoindre et sortir de Death Valley, Towne Pass permet de franchir Panamint Range. La California State Route 190 passe d’environ 400 mètres d’altitude, au fond de Panamint Valley, à 1'511 mètres d’altitude en seulement quelques kilomètres. La montée vers le sommet est parfois très abrupte, des panneaux de signalisation informent les conducteurs qu’il est préférable d’éteindre la climatisation jusqu’à avoir atteint le haut du col. Nous descendons maintenant dans le cœur de Death Valley National Park en direction de Furnace Creek.
En descendant de Towne Pass, nous quittons la California State Route 190 pour prendre la direction de Wildrose. Cette petite route du nom de Emigrant Canyon Road, remonte à l’intérieur d’un canyon en direction de Panamint Range. Après 45 minutes sur cette route très étroite et sinueuse, nous arrivons sur un haut plateau, il y a une petite colline au milieu de nulle part. Arrivés au pied de cette colline, nous suivons de vieux rails rouillés où plusieurs wagons miniers sont abandonnés, les rails mènent à l’entrée d’un tunnel dans la colline, nous voici à Eureka Mine ! Tout le tour de la petite colline est parsemé d’ouvertures et de vieille infrastructure en bois, un beau souvenir de l’époque, une belle découverte au milieu du désert.
Dans Death Valley National Park, il y a des milliers de mines abandonnées, c’est plus que dans n’importe quels autres parcs du pays. Or, argent, plomb, zinc, antimoine, fluorine, cinabre, sels d'Epsom, mercure, tungstène, cuivre, borax, talc, chlorure de sodium, manganèse... Tous ont été extraits au fil des ans dans la région. La plupart de ces mines sont fermées, comme Eureka Mine, pour assurer la sécurité des touristes. Eureka Mine a été baptisé par le pionnier Jean-Pierre Aguerreberry en souvenir du succès sur ses recherches minières pour extraire le borax. Né en France en 1874, Jean-Pierre Aguerreberry réalise son rêve à l’âge de 16 ans, en partant vers la Californie afin de devenir cherche d’or. Au-delà de Eureka Mine, la route continue et termine à Aguerreberry Point, un magnifique point de vue sur Death Valley, mais très difficile d’accès.
Après avoir rebroussé chemin, depuis Eureka Mine, afin de revenir sur la California State Route 190, nous voilà au cœur de Death Valley. La première merveille de cette vallée est sans doute Mesquite Flat Sand Dunes, un vaste champ de dunes de sable formées par les l’érosion des montagnes alentour due au vent. Ces dunes sont les plus connues et plus faciles d’accès dans le parc, les plus hautes font une trentaine de mètres. Les dunes les plus hautes de Death Valley National Park sont Kelso Dunes et les plus belles sont Coral Pink Sand Dunes au niveau des couleurs, mais ces dunes sont beaucoup plus difficiles d’accès.
Nous faisons une petite halte au parking au bord de la route afin de nous promener dans ces dunes. Heureusement pour nous, la chaleur est de 35 degrés environ, nous pouvons bien profiter de sortir de la Jeep climatisée pour réaliser quelques photos. Il est très pénible d’avancer dans ces dunes avec cette chaleur, mais si vous traversez Death Valley, vous êtes obligé de vous y arrêter. Pour les connaisseurs de la saga Star Wars, dans l’épisode IV, on peut voir les deux droïdes R2-D2 et C-3PO traverser Mesquite Flat Sand Dunes.
Toujours sur la California State Route 190, nous passons Betty Junction, roulons vers le Sud dans Death Valley, en direction de Furnace Creek. Furnace Creek est une halte obligatoire si le réservoir de la voiture est presque vide, attention à ne pas tomber en panne au milieu du désert, mais l’essence coûte très cher à cette station Chevron, car c’est la seule de la région. Seul signe de vie à des kilomètres à la ronde, Furnace Creek marque le cœur de Death Valley National Park, situé à -58 mètres d’altitude, on y trouve des hôtels, des restaurants, des magasins, un aérodrome et même un terrain de golf. Traduis par « ruisseau du fourneau », les températures y dépassent souvent les 50 degrés ! De notre côté, nous n’avions rien prévu à manger pour cette journée, mais nous aurions du. Nous vous conseillons de prendre des sandwichs et surtout plusieurs litres d’eau, car sur plusieurs centaines de kilomètres de route dans la région de Death Valley, à part Furnace Creek, il n’y a aucun point de ravitaillement.
Quelques centaines de mètres avant Furnace Creek, des wagons sont visibles depuis la route, il s’agit de Harmony Borax Works, lieu inscrit au registre national des lieux historiques. En 1881, de grands gisements de borax sont découverts à Furnace Creek, anciennement appelé Groenland. En 1883, l’usine Harmony est construite pour l’exploitation à grande échelle de ces gisements, puis la célèbre opération Harmony est mise en place de 1883 à 1889, afin de transporter le borax par voie terrestre jusqu’à Mojave, où se trouve la ligne de chemin de fer la plus proche. Le borax est transporté à travers le désert, sur plus de 200 kilomètres, grâce à des doubles wagons tirés par des équipes de 20 mulets. Après seulement 5 ans d’activité, l’usine Harmony ferme ces portes, à son apogée, l’usine employait 40 hommes et produisait 3 tonnes de borax par jour. Harmony Borax Works a joué un rôle important dans l’histoire de Death Valley, en développant et rendant populaire la région de Furnace Creek. Une découverte très enrichissante, un arrêt que je recommande !
Bienvenue au lieu le plus incroyable de Death Valley National Park, lieu le plus chaud sur Terre, le lieu le plus bas d’Amérique du Nord, Badwater Basin ! Situé à -85,5 mètres au-dessous du niveau de la mer, le 10 juillet 1913, le thermomètre y a affiché 56,7 degrés, la température la plus élevée jamais enregistrée sur Terre ! Badwater Basin est situé dans une vaste dépression, au paysage lunaire, au fond de Death Valley, nommée Devil’s Gulf Course, elle est recouverte d’une épaisse couche de sel qui pourrait fait croire à de la neige, une merveille de la nature ! Le fond du bassin est alimenté par une source, mais la quantité de sel présente rend l’eau non potable. En 1910, un atlas indiquait que cette eau présente dans ce bassin était impropre à la consommation, il y avait noté « bad water » sur la carte. Anecdote sympa, ce nom est resté pour désigner l’endroit le plus bas d’Amérique du Nord, Badwater Basin. Afin d’y accéder, nous quittons la California State Route 190 à Furnace Creek, en direction du Sud sur Badwater Road, il nous faudra une demi-heure de route en direction du Sud.
Il y a plus de dix mille ans, le fond de Death Valley était recouvert d’un grand lac, Manly Lake. Les sédiments n’ont pas réussi à remplir entièrement le bassin à cause de l’effet des plaques tectoniques de la région. Un effet d’étirement de la vallée lui a permis de rester relativement bas par rapport aux chaînes de montagnes environnantes. Ce lac s’est gentiment asséché, car Death Valley est enfermé entre les hautes chaînes de montagnes de Panamint Range et Amargosa Range, qui prive la vallée des nuages chargés de pluie provenant du Pacifique. Avant l’arrivée des chercheurs d’or, Death Valley était le territoire des amérindiens Timbisha connu aussi sous le nom de Panamint Shoshone. Ils nommaient la vallée était Tümpisa, ce qui signifie « peinture de roche », en référence à la peinture à l’ocre rouge qu’ils produisaient grâce à l’argile rouge qu’ils trouvaient dans la vallée. Nous avons marché quelques instants sur ce sol de sel à Badwater Basin, mais la chaleur est suffocante, pourtant il ne fait que 35 degrés. Plus loin, sur Devil’s Gulf Course, traduit par « terrain de golf du diable », le vent a sculpté les blocs de sel, ce qui fait penser à des coraux, un spectacle magnifique, un lieu unique à voir une fois dans sa vie !
Après avoir marché sur le sol le plus bas du pays, nous rebroussons chemin sur Badwater Road. En remontons la vallée vers le Nord, nous nous engageons sur Artists Drive, une petite route à sens unique by-passant Badwater Road sur quelques kilomètres, via les collines rocheuses des Black Mountains, appartenant à Amargosa Range. Artists Drive slalome sur une quinzaine de kilomètres dans de petits canyons et nous offre une vue imprenable sur Artist’s Palette.
Artist’s Palette fait référence à un paysage haut en couleur, des collines où la roche est teintée de différentes couleurs. Ces couleurs proviennent de l’oxydation de différents métaux, on peut apercevoir du rouge, du rose et du jaune provenant du sel de fer, du vert provenant du mica et du violet provenant du manganèse. Un paysage hors du commun que nous avons eu le plaisir d’admirer.
Artists Drive est dernière nous, nous avons rejoint Badwater Road, mais avant de reprendre la California State Route 190 en direction de l’Est, une dernière halte à Golden Canyon. Dans Death Valley et le long de Badwater Road, il y a un bon nombre de canyons creusé dans Black Mountains à visiter, comme Golden Canyon, Breakfast Canyon, Desolation Canyon ou Sidewinder Canyon, mais nous ne pouvons malheureusement pas nous arrêter partout...
Golden Canyon est facile d’accès et l’entrée du canyon se trouve juste à côté du parking où nous laissons notre voiture. Ce canyon est assez impressionnant, car il est très étroit et sinueux, les côtés sont constitués de falaises hautes de quelques dizaines de mètres, ces roches de couleurs dorées, une merveille ! Attention à ne pas se perdre dans ces collines et ces petits canyons qui peuvent vite se transformer en labyrinthe. Un parcours de quelques kilomètres vous emmène vers Red Cathedral, une énorme barrière nature, un mur de roche rouge d’une centaine de mètres de haut, au fond de Golden Canyon.
Perché à une altitude de 211 mètres, Zabriskie Point est le point de vue le plus célèbre et le plus connu de Death Valley National Park. Situé au cœur des Black Mountains, Zabriskie Point offre une vue imprenable sur un l’labyrinthe de collines érodées aux couleurs vives. Un paysage surprenant qui est dû aux mouvements de l’écorce terrestre. En effet, comme pour le fond de Death Valley, Manly Lake était présent à cet endroit il y a plusieurs millions d’années. Le sol s’est petit à petit asséché, puis il s’est incliné, puis la force des mouvements de l’écorce terrestre a poussé ce sol vers le haut. Ensuite, l’eau et le vent ont façonné ce paysage pour donner ces collines plissées si particulières. Clou du spectacle, les sols contiennent des borates et du gypse, ce qui donne ces couleurs magnifiques au paysage. Petite anecdote, aux débuts des années 1900, la région est nommée Zabriskie Point, en l’honneur du vice-directeur de la Pacific Coast Borax Company, Christian Brevoort Zabriskie, qui aida à convertir Death Valley de site industriel et site touristique.
Nous avons maintenant quitté Death Valley avec la California State Route 190 depuis Furnace Creek, afin de contourner Black Mountains et rouler vers l’Est et Las Vegas. En traversant cette chaîne de montagnes, nous nous arrêtons au parking de Zabriskie Point. Le parcours afin de gagner le point de vue est à une vingtaine de minutes à pieds du parking. Un chemin serpentant dans ces superbes collines jaunes. Tout au long de la marche, une vue imprenable sur Black Mountains, sur Panamint Range, et même sur la vallée de la mort et Devil’s Gulf Course. Pour les connaisseurs, Zabriskie Point est aussi célèbre grâce à la pochette de l’album de U2, The Joshua Tree, publié le 9 mars 1987.
Depuis le sommet de Zabriskie Point, nous pouvons observer Red Cathedral et sa roche rouge (à droite sur la photo ci-dessous), qui marque l’extrémité du Golden Canyon. Des roches sombres sont aussi visibles dans le paysage, là il s’agit de lave provenant d’éruptions, il y a plusieurs millions d’années (à gauche sur la photo ci-dessous). À part Red Cathedral, il y a une autre crête qui perce le paysage de Zabriskie Point, il s’agit de Manly Beacon (à gauche de Red Cathedral sur la photo ci-dessous). Manly Beacon est plus élevé que les autres parties des collines, car son érosion a été retardée, sûrement grâce aux riches plus solides dues aux éruptions volcaniques. Manly Beacon a été nommé en l'honneur de William Lewis Manly, qui a guidé, en 1849, un groupe de personnes perdu, en dehors de Death Valley pendant la fameuse ruée vers l'or. La traduction de Manly Beacon en anglais est « la balise de Manly », ce qui veut peut-être dire que William Lewis Manly a utilisé cette crête comme repère, pour sauver les chercheurs d’or de Death Valley. Death Valley National Park est vraiment un lieu rempli d’histoire et de surprise.
Lorsque nous étions à Badwater, au fond de Death Valley, Black Mountains se trouvaient l’Est de nous. Grâce à la California State Route 190, nous avons contourné Black Mountains par le Nord et nous sommes à présent à l’Ouest de ces Montagnes. Nous nous engageons sur Furnace Creek Wash Road, puis Dantes View Road, en direction de Dante’s View. Une route sinueuse qui traverse de petits canyons avec une pente très positive. Il nous faudra une vingtaine de kilomètres pour rejoindre le point de vue le plus impressionnant de Death Valley National Park.
Dante’s View, un point de vue panoramique à 360 degrés, perché à une altitude de 1'669 mètres. Situé au cœur des Black Mountains, elles-mêmes faisant partie de Amargosa Range, Dante’s View offre une vue imprenable sur Death Valley avec Badwater Basin et Devil’s Gulf Course, sur Panamint Range. Lorsque le temps est favorable, Mount Whitney et ses 4'421 mètres sont aussi visibles. Ce qui fait de Dante’s View, un des rares points où l’on peut observer le point le plus bas et le point le plus haut du pays, hors Alaska. En 1926, la Pacific Coast Borax Company veut promouvoir le tourisme dans Death Valley et cherche le meilleur point de vue sur la vallée. Le shérif de Greenwater les emmène dans Black Mountains, ils tombent sur un magnifique point de vue, qu’ils décident de le nommer Dante’s View en l’honneur du poète et écrivain italien Dante Alighieri. Fait impressionnant, entre Badwater Basin et Dante’s View, il y a environ une heure de route, mais à vol d’oiseau il y a moins de 4 kilomètres. Badwater Basin est à -85,5 mètres au-dessous du niveau de la mer et Dante’s View à 1'669 mètres d’altitude, ce qui fait que nous avons gravi un dénivelé positif de 1'755 mètres !
Voilà Dante’s View est la dernière visite de la journée, il est 17 heures et demi environ. Nous reprenons la California State Route 190 jusqu’à Death Valley Junction. À Death Valley Junction, nous essayons d’entrer dans le Amargosa Opera House, mais la porte est fermée, malheureusement. Cet opéra est un monument historique et culturel où des spectacles de danse et de mime ont été donnés entre les années 1960 et 2012. Une petite salle haute en couleur, où les magnifiques peintures contre les murs donnent l’impression d’une gigantesque salle d’opéra, recherchez des photos sur le Web, ça vaut la peine. Nous bifurquons sur State Line Road qui nous fait passer dans l’état du Nevada ! Il nous reste une bonne heure de route dans le désert jusqu’à Las Vegas en passant par Pahrump. Pahrump, petite ville en plein milieu du désert, où nous profitons de faire le plein d’essence et manger un petit quelque chose dans la station-service. Après cette petite pause, nous roulons maintenant vers l’Est sur la Nevada State Route 160. Nous approchons des montagnes de Red Rock Canyon National Park, que nous ne visiterons malheureusement pas. Nous franchissons un petit col à la hauteur de Mountain Springs, puis c’est la descente vers la fabuleuse Las Vegas.
Plus nous avançons vers la vallée de La Vegas, plus la vue se dessine sur les hôtels/casinos et leurs formes surprenantes. En effet, à part les hôtels/casinos sur Las Vegas Boulevard, tout le reste de la ville se compose de villas ou de petits bâtiments, c’est pourquoi ils sont visibles à des kilomètres. Une fois dans la banlieue de la ville, nous remontons Las Vegas Boulevard, aussi appelé le Strip, par le Sud, passons à côté de l’aéroport de McCarran et le célèbre panneau « Welcome to Fabulous Las Vegas Nevada » ! Le premier hôtel/casino sur cette artère principale de Las Vegas est le Manday Bay sur la gauche, puis le Luxor et c’est là que nous posons nos valises pour deux nuits.
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